Répétition à tire d’aile (1200 mots), nouvelle du match 14

Match d’écriture des amis des IMA, session 14 ! Trois contraintes :

Lieux/événement : Apocalypse baby !

Thème : Le monde menacé par une phrase d’un perroquet

Objet/personnages : Un.e idol

Durée d’écriture : 1h30

Répétition à tire d’aile, par Fabien

On frappe à la porte. Lucia Janmin, agent en chef de la cellule diplomatique secrète, se lève de table et va ouvrir. Elle découvre Dan Marceau, son jeune collègue. Il a l’air un peu ridicule, habillé en civil, dépenaillé dans son T-shirt du groupe de Hard Rock Metal « Hardcore Arc-en-ciel ».

– Dan, que faites-vous là ? Il est onze heures du soir.

– Je suis désolé Lucia, je n’arriverai pas à vous joindre et cela ne pouvait pas attendre.

– J’étais en famille… repos, vous savez… vous n’avez pas pu joindre les collègues en veille ce soir ?

– Ils pourraient être dans le coup… je ne peux plus faire confiance à personne. J’ai besoin de vous.

Lucia fronce les sourcils. Elle sait que Dan Marceau ne la dérangerais pas pour rien.

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Gouv’Audace

Atelier collaboratif d’écriture du 23 juin 2018, avec les idées de mes deux compagnons de tables, Myriam et Aurore. Écrit en 1 heure tout compris, non-retravaillé depuis…

23 juin 2050, je me réveille et j’apprends que les citoyens ont pris le pouvoir. J’ai mis un peu de temps à comprendre. Ma nièce de six ans déboule en criant dans la chambre : “on a gagné on a gagné !”. Encore ensommeillé, je ne pense pourtant pas qu’il y avait match hier soir. Elle repart aussi vite qu’elle était venue.

D’un signe de la main, j’allume mon écran mural et l’interface en relief apparaît. J’ai reçu 2733 messages durant la nuit. L’un est mis en avant, il provient de la Ville de Paris et est intitulé “Notice d’expulsion rooftop présidentiel.” Mon sang ne fait qu’un tour. Sautant de mon lit, je découvre qu’une foule festive est amassée au pied de mon Arc de triomphe, juste en dessous de moi.

— Assistant, appelle M. Henri immédiatement !

Le visage de mon conseiller apparaît sur le mur, l’air aussi inquiet que moi.

— Henri, qu’est-ce que tout ce tumulte ?

— M. le président, les Uptoyens fêtent l’inauguration de l’application Gouv’Audace.

— Hein ? C’est le truc voté à l’assemblée le mois dernier ? Pourquoi ça ressort maintenant ?

Il lève les yeux au ciel.

— Il y avait un mois de préparation, pour que les Up’toyens s’emparent de leurs sujets, et hier soir était le premier vote massif.

— Bon, peu importe ces gadgets technologiques. J’ai reçu un message d’expulsion, qu’est-ce que c’est que cette histoire.

— C’était justement un des sujets du vote d’hier. La majorité a décidé que votre rooftop au sommet de l’Arc de triomphe redeviendrait public, un point de vue sur les jardins de la place…

— Quoi ? Pour qui ils se prennent ? Ils n’ont pas le droit ! C’est quoi ce délire de fake news ? Je croyais qu’au moins depuis l’effondrement de Google on en avait fini avec ces balivernes !

Tout en parlant, j’ouvre mon placard, qui a sélectionné d’avance un costume pour la journée, un tissu irisé dont les bras-écrans me permettent d’emporter ma visio-conférence dans le salon.

Ma femme est sur le canapé, à contempler le lever de soleil, un verre de champagne à la main. Oubliant Henri affiché sur ma manche, je comprends à son sourire qu’elle en sait déjà plus que moi.

— Bonjour mon chéri. J’ai préparé mes affaires pour le déménagement.

— Je ne vais pas me laisser faire ! Je suis le président de la 5e République…

— Je savais bien que tu n’avais rien compris à cette loi… tu n’as plus aucun pouvoir mon chéri. On est passé à une société participative. Les citoyens sont tirés au sort pour voter sur les enjeux de sociétés. Ils ont eu un mois pour s’emparer de la première volée de sujets, et à présent ils ont voté pour le droit des animaux, l’ouverture des frontières, la mise en commun des forêts… et même la récupération de l’Arc de triomphe !

Elle se lève avec un sourire narquois et finit son verre.

— De toute façon, j’ai toujours détesté nos appartements présidentiels. On va revenir à une vie plus simple. J’ai réservé une nouvelle suite.

Ma nièce la rejoint à cet instant, une veste sur le dos et ses chaussures aux pieds. Je suis affolé.

— Une suite ? Mais où ?

— Tu te rappelles, tu voulais ce rooftop au sommet de l’Arc de triomphe parce tu adorais les cabanes dans les arbres quand tu étais petit ? Maintenant, nous allons pouvoir vivre nos rêves. J’ai réservé une cabane dans les arbres, dans la nouvelle Fontainebleau.

Elle jette son manteau sur ses épaules et, tandis qu’elle se dirige vers la porte, je peux lire dans son dos “I REALLY DON’T CARE, DO U ?”

Brève : Je viens après (300mots)

A l’origine, un essai en 30′ pendant d’un atelier d’écriture. Un peu retravaillée ensuite quand même. J’essaye des effets, dites-moi si ça passe…

Contrainte de l’atelier sur la première phrase “Je vois le monde avec les yeux de mon nom”. Phrase que j’ai d’ailleurs un peu changée…

Je viens avec mon nom. Fabien, du latin Fabius, la fève. Légumineuse grasse.

Je levai la tête quand la maîtresse distribuait les copies, qu’elle appelle mon nom ou pas, qu’elle s’adresse à moi ou à un autre, du moment qu’elle commentait suffisamment fort une mauvaise note : “Pas bien ! Pas Bien !”

J’ai vu mes parents, assis sur l’herbe à Fontainebleau, chercher un prénom pour ma petite sœur. Alors je les vois aussi avant ma naissance, au soleil sur cette nappe, parmi ces restes de pique-nique, à énumérer des prénoms jusqu’à celui qui s’impose, celui de toute une vie. Un instant après, ma sœur s’appelait Marion, quelques instants plus tard c’était une petite fille joyeuse qui ânnonait les mots, tâtonnait pour former des phrases, et mâchonnait mon prénom sans parvenir à le prononcer : “Païen, païen !”

Pas exactement l’intention parentale.

Et pourtant peut-être y a-t-il une thématique cachée, puisque eux pensaient à une autre forme d’impiété, celle du Colonel Fabien qui, en 1941 à la station Barbès-Rochechouart, se rebelle contre l’envahisseur en ôtant une vie de deux coup de pistolets, caché par la courbure prononcée du quai de la ligne 4, fuyant par la ligne 2 aérienne. L’Allemand meurt, le Parti Communiste Français vient d’entrer dans la résistance armée.

Mais le nom “Barbès-Rochechouart” renvoyait d’un homme politique trop prestigieux pour qu’on accepte, après la guerre, de rebaptiser le lieu en mémoire de l’acte, alors la commémoration est reportée ailleurs, sur un arrêt de métro jusque là affligé d’un simple nom commun, la station “Combat”.  Ainsi sont baptisés la place et le métro “Colonel Fabien”, à l’endroit exact où avait résistée l’ultime barricade des Communards en 1871 et là où on érigerait un jour le siège du parti Communiste, cimentant un siècle et demi de combats contre l’oppression, pour le triomphe de la liberté et pour l’arrivée, enfin, de nouveaux avenirs magnifiques.

Je viens après.

Atelier d’écriture : faites comme Camus

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Dans l’Étranger, le participe passé donne l’impression que l’action est déjà accomplie quand le narrateur en prend conscience ?

 Je suis en Afrique ; un moment étranger, marquant

Le car s’est arrêté. Le guide nous a fait descendre. La brousse s’étendait à perte de vue. Ce n’était pas un lieu touristique. Il nous avait emmenés voir sa famille.

Les maisons du hameau étaient en terre séchées, du même jaune que le sol de terre battue. Je n’ai  d’abord vu personne, les Africains devaient être dans leurs maisons, abrités du soleil. Nous nous sommes mis à transpirer. Manon, la blonde du groupe, s’est couvert la tête. Son châle était bariolé. C’était la plus jolie de toutes.

La maison du guide se trouvait une rue plus loin.  Il a franchit le portillon et cinq ou six enfants aussi noirs que lui jaillirent de la maison pour venir à sa rencontre. Leurs vêtements étaient déchirés et ils aillaient pieds nus. Certains de mes camarades se sont joints aux effusions. Les enfants se sont mis à rire.

Il n’y avait pas de porte au bâtiment, mais à cause de l’intensité de la lumière tropicale, rien n’était visible à l’intérieur. Nous sommes restés dans la cour.

J’ai attendu pendant que notre guide conversait avec sa femme et nos moniteurs. J’ai supposé qu’il avait eu besoin de quelque chose chez lui. Il avait donc détourné notre caravane pour cette halte.  Il voyageait avec nous depuis une semaine et continuerait pour une autre semaine encore. Peut-être apportait-il en fait l’argent gagné.

Certains des adolescents venus avec moi ont rejoints un groupe d’autochtones qui chantonnaient un peu plus loin.  Je suis resté là. J’ai regardé le muret et je l’ai touché. Sous ma peau, la terre feuilletée s’est effritée.

J’ai regardé autour de moi. C’était une rue. Il faisait chaud, et j’eus envie de retourner dans le car. Il n’y avait rien à y faire, mais je pouvais regarder défiler les couleurs vives du paysage. La rue était immobile.  Je me dis que c’était une rue comme en France, mais avec d’autres matières et davantage de soleil. J’étais au Mali. La meilleure preuve en était les longues heures d’avion que j’avais dû subir pour venir jusqu’ici. C’était bien que je connaisse l’Afrique.

Après avoir attendu, on nous a fait signe et nous sommes repartis.

Cela me fait penser au village sur pilotis au Vénézuela, la construction de la maison de la culture, au marché de l’amour au Vietnam, avec la famille de Chan. S’allonger sur le toit des bateaux , dans le village au Vénézuela. Rentrer avec Hyt après le lycée. Au pays baltes ? La gare ? En Grèce, le scotch ? Le saut ?

Proposer aux amis un atelier d’écriture sur les souvenirs. Une manière de faire serait d’amener des textes à imiter. Proposition d’exercices : titraille,- avec exemple « des miliards de Tapis de cheveux ». Comparer nos titres.

Séance 20 : le cadre pour ambiance

 

Bonne nouvelle

Les murs étaient peints d’un bleu vif, surréaliste, celui-là même dont les graphistes affublent le ciel dans les publicités pour les vacances à la mer. Dans les coins, des nuages gris ternes tendaient à apparaissaient à mesure que le temps faisait son œuvre, mais des couches de peinture récentes gardaient vaillamment le panorama presque immaculé, et le conserverait sans doute ainsi indéfiniment.  Des tableaux photographiques étaient accrochés un peu partout, fenêtre ouvertes sur le monde qui agrandissaient autant l’espace que ne le faisait les grandes baies vitrées.  Il y avait ainsi en ces lieux en plus de la petite arrière-cour aménagée pour prendre des apéritifs, un champ de blé dorant sous un soleil de midi, une gare allemande recouverte de graffitis montrant des femmes, des cœurs, ou encore le visage en aplats noir et blanc d’un adolescent dévasté, sans doute en train de découvrir les plaisirs de la vie et de la maturité.

La forme en U de la pièce semblait fantaisiste, comme une plaisanterie de l’architecte. Derrière le petit bar, dans le bras droit de la salle, des alcools avait été soigneusement alignés et attendait les soirs de fête, quand il faudrait servir à la volée des dizaines de convives.

Je vais te tuer

Le rugissement des voitures sur la chaussée était terriblement lointain, supplanté même par les impacts des gouttes d’eau dans l’évier. La salle était encombrée d’un labyrinthe de chaises, de tables et de plantes, et les tableaux aux murs semblaient prêts à se décrocher, à tomber et à assommer les imprudents. La saturation de l’espace rapprochait les murs et le plafond, pour former en une petite boite de conserve dont le couvercle s’était refermé sur Eliot. Les parois peintes trop lisses n’offraient aucune prise, la lumière trop crue n’avait aucun attrait, elle ne cachait rien de la moquette délavée et sans intérêt, une vielle moquette industrielle, sans doute rugueuse, entre les fibres, emplies de poussière.  Les vitres incassables ne montrent qu’un extérieur inaccessible, glacial.

Bonne nouvelle, monologue intérieur

Raccrocher. Mais garder le téléphone en main. Ne pas faire l’erreur de le poser, ne pas tout gâcher. Le soleil brille, j’ai du temps devant moi, je suis assis, au chaud. Tout est bien, tout a toujours été parfait, tout n’a été qu’entrainement pour faire de moi quelqu’un prêt à saisir ce bonheur à pleine main, tout est justifié.

Cela valait la peine de faire des efforts, de se relever après les coups. Même quand cela avait l’air de ne plus avoir de sens, en fin de compte, cela en avait, c’est évident à présent. Tu souris béatement Eliot. Bah, on s’en fiche, c’est bon de sourire, de se laisser aller. Tout se passerait bien maintenant. Il y a beaucoup de travail bien sûr, mais chaque tache sera une note de musique et leur symphonie coulera d’elle-même, fracassante et grandiose.  On sera heureux, ensembles, chez nous. Un nid douillet ! Au fond j’ai toujours pensé que c’était ce dont j’avais besoin. Si j’ai voyagé, c’était juste pour mieux apprécier de m’installer. On pourra peindre la chambre du petit en bleu, un beau bleu azur qui libère l’esprit. Chaque pièce aura sa couleur : de la joie rose pour la chambre, de la gourmandise orange pour la cuisine et de la concentration blanche pour le bureau. Peut-être même un motif géométrique, avec de grandes lignes pour se projeter en avant, avoir des fulgurances. Quelle efficacité j’aurais la journée au travail, en sachant qu’une maisonnée pareille m’attend !

Atelier d’écriture : mélange des thèmes

Martha hésita avant d’annoncer la nouvelle au docteur Lidle. Le front du quadragénaire se plissait déjà à mesure qu’il lisait un rapport, slalomant avec  habitude entre les patients dans le couloir. Il avait un patient avec une tumeur à opérer quelques heures plus tard, et elle hésitait à attendre qu’il soit plus détendu. Mais d’un autre côté la folie ne s’arrêtait jamais dans ce service. Elle s’approcha.

– Doc-docteur Lidle ?

Voilà qu’elle bégayait. Bravo Martha, superbe introduction.

– Que se passe-t-il Mlle Carbiane ? demanda-t-il distraitement, levant à peine les yeux de ses feuilles.

— C’est à propos du test 104, sur le groupe 41.

Elle avait capté son attention. Il la fixa et son sourcil droit se souleva, laissant deviner sa curiosité.

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Éternels regrets – les amoureux aux poireaux

Petit texte de 2013, pour un atelier d’écriture.
Basé sur la photo de Robert Doisneau – Les amoureux aux poireaux, 1950.

Exploration de concepts délicats, texte au troisième degré… je n’aime plus trop ce texte aujourd’hui.

Heureux regrets masculinistes

Elle est si belle. Je me penche, je l’embrasse et elle rougit de plaisir. Elle m’énerve. Quand mon nez frôle sa peau, son parfum me conquiert.

Toute une matinée à chipoter et à me chercher des crosses, et voilà qu’elle me sourit. Voilà que j’ai envie de lui pardonner.

Pourquoi continue-je à l’embrasser ? Cycle de plaisir. Le contact de mes lèvres sur sa peau, drogue, décharge de plaisir qui m’arrache au monde un instant. Penché sur son cou, ses caprices hors de vue. Je l´attire contre moi, serre sa taille pour sentir davantage de ses hanches contre moi. Je m´écrase contre elle, je m’écrase pour elle. Elle peut rire en effet, puisqu’elle me manipule comme un enfant.

Pourquoi est-ce que je suis là, à porter ce caget de poireaux ? Ce n’est pas moi, je ne suis pas cet homme domestique. Je suis costume et cravate ! Je suis spécial, seulement personne ne m’a encore reconnu.

Pour accomplir de grandes choses je dois m’enfuir, courir vite. Ma flamme consummera tout, je dois l’aviver de courage et d’audace !

Les fleurs embaument l’air frais. Leur couleur or rappelle celle de ses cheveux. Comment lutter contre la chaude douceur de sa main dans la mienne ? N’aurais-je que ce bref instant de lucidité pour échapper à son joug ? Ou est-ce déjà trop tard ? Ses lèvres sont vallonnées ; irrésistibles. Je cède, encore. Le cliquetis d’un appareil photo sonne dans tout l’espace, je suis pris en flagrant délit d’affection.

Advienne que pourras. Je ne ferais peut-être rien de ma vie, mais au moins je serais heureux. Je parviendrais sans doute à oublier. J’espère simplement ne jamais voir cette photo, capture de ma faiblesse, du moment où j’ai renoncé à mon destin de puissance.

Deuxième atelier

J’étais dans une forêt, il y avait une maison, une maison sûre et haute, pour nous placer au dessus du monde. Et je protégeais des dinosaures. Pas bien grand, certes : des dinosaures d’une dizaine ou quinzaine de centimètres, qui se blotissaient contre moi. Leur peau était douce. Je les protégeais, nous vivions ensembles, en sécurité. Je me rappelle de cette grande forêt autour de nous, une immense sol de feuilles mortes, parfaitement plat, clairsemé d’immenses arbres parfaitement verticaux. Le plafond des feuilles semblait très loin. Continuer la lecture de « Deuxième atelier »

Jeune Fabien

Cours Agnès, Séance 16 : Vers l’autobiographie

— Scrabble crépusculaire
la le les ce si
lire écrire ailée relais crépu plus pluie pelée place pile sire sale élu
clair esprit clap lac acier lueur repli rue raie élu
pris lier

Ecrire à la lueur de la pluie, peler l’acier crépu et sale, l’esprit plus clair, par un repli des ailes sur le lac, sur la place des sires élus.

pelure, circuler reliure capsule crepe cercle pulser

— Ecrire avec le corps

Dans le jardin de mon père il y avait, aussi, ma mère. Elle s’allongeait dans la chaise longue et, tandis qu’il suait sous l’effort du jardinage, elle profitait du soleil d’été. Les haies grandissaient chaque année et mon père revenait découper les feuilles grasses, sectionnant les volumes informes pour retrouver un semblant d’ordre et de géométrie. De l’autre coté, le barbecue de pierre servait d’appui à nos réserves de bois pour l’hiver, un empilement plus où moins précaire de bûches donc la seule vue me faisait frémir, à l’idée du travail éreintant que demandait chaque nouvelle livraison. Je ne crois pas que je faisais vraiment le lien entre ce bois si désagréable et le plaisir des flammes qu’il apportait en hiver, loin de là, dans l’âtre de la cheminée du salon. Chaque centimètre du jardin avait pour moi été le lieu d’une corvée de bêchage, de transport, d’arrosage ou d’une autre tache douloureusement inscrite dans ma mémoire d’indolent. Continuer la lecture de « Jeune Fabien »